La Damnation de Faust
La Damnation de Faust © Vincent Pontet - Théâtre des Champs-Elysées

A partir de 2025, le Théâtre des Champs-Elysées met à l’honneur l’opéra français en choisissant d’ouvrir chaque saison avec une nouvelle production du répertoire lyrique national. Le premier opus est un défi en soi : « La Damnation de Faust » d’Hector Berlioz. Composé en 1846, Berlioz considérait sa Damnation comme une «légende dramatique» et refusait qu’elle soit réduite à un genre musical. Ce n’est donc pas un opéra, un oratorio, ou une symphonie avec voix mais une succession de tableaux (Marche Hongroise, Danse des Sylphes, Course à l’abîme) illustrant les errements de Faust, sa complicité avec le Diable et son amour fatal pour Marguerite. Fasciné par la traduction du Faust de Goethe par Gérard de Nerval, Berlioz au sommet de sa maturité y déverse toute sa science de l’orchestre, sa stupéfiante maîtrise de la polyphonie chorale et son écriture vocale à la fois neuve, expressive et redoutablement difficile. La force de sa proposition de la metteuse en scène Silvia Costa, qui fut la collaboratrice de Romeo Castellucci, repose sur un théâtre visuel et poétique nourri par une profonde réflexion sur les images et la nostalgie de l’enfance perdue. Le jeune chef allemand Jakob Lehmann, remarqué pour son exécution instrumentale précise et subtile du répertoire romantique, dirige l’orchestre Les Siècles ainsi que le Chœur et la Maîtrise de Radio France.

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L'Opera seria - Teatro alla Scala
LOpera seria - ph Brescia e Amisano ©Teatro alla Scala

Par une redécouverte de ses racines durant l’âge d’or de l’opéra italien au XVIIIe siècle, le Teatro alla Scala présente « L’Opera seria », qui fut la rencontre entre l'un des plus grands poètes italiens, Ranieri de' Calzabigi, et un bohémien ayant fait de Vienne sa seconde patrie, Florian Leopold Gassmann, compositeur de cour de Joseph II et professeur d'Antonio Salieri.

La partition brillantissime est une merveille du genre Opera Buffa, ponctuée d’ensembles qui ont fait l’admiration de Mozart. Le livret de Calzabigi est une satire élaborée comme un mécanisme d’une précision implacable. Le librettiste dézingue à tout va le microcosme de l’opéra avec une verve décapante et un humour dévastateur. Lors d’une folle journée de répétitions qui voit le soir même la représentation d’un nouvel opéra, des conflits sans fin opposent les protagonistes : par leur vanité éhontée et leur narcissisme sans retenue, chanteurs, directeur, compositeur, librettiste, danseurs, font basculer la Première dans l’abîme de l’absurde. Le rire a toute sa place dans la mise en scène de Laurent Pelly, et ses costumes savoureux détournent avec élégance et humour les modes extravagantes qui faisaient fureur sur les scènes à l’apogée du règne des castrats. Dans la fosse Christophe Rousset se prête au jeu et dirige une distribution épatante de grandes voix et de jeunes solistes. La captation filmée en avril 2025 sera diffusée par ARTE.

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